J'y crois pas moi-meme!

J'écris ce texte en direct de l'Alberta, sur le portable de Chéri.
Non, je n'en revient pas encore, ce n'est tellement pas moi des faire des choses comme ca. On s'entend, je m'assume à 100%, je suis un fille absolument confortable dans sa petite routine. Meme que j'y tient beaucoup.
En presque 10 ans, je n'ai jamais manqué une seule journée de travail.
Mais Mardi soir, de facon totalement inatendue, Chéri a recu un appel de la job. Ils lui demandaient de partir quatres jours installer des quelques cartes électroniques quelque part. J'étais la, en train de brasser les zucchinis et a essayer de rester de marbre. Quatre jours après tout, c'est une pinotte à coté de dix comme la dernière fois!
Mais j'ai vite réalisé que cette fois, ce n'était pas qu'un trip de char, mais qu'il s'agissait d'un moulin à bois en Alberta! En avion!
Malgré les efforts surhumain d'un fille qui veut avoir l'air cool et mature, je ne peux juste pas garder un visage straight et je vais m'enfermer dans la salle de bain, abandonnant les zucchinis et le Kraft Dinner.
C'est que aucun de nous n'a déja pris l'avion avant, et on avait toujours fait une grosse affaire que la première fois qu'on le prendrait, ca serait tout les deux.
Et là, en si peu de temp, ca allait etre gaché. Et pour aller changer une patente électronique à l'autre bout du Canada.
J'étais triste, décu, choquée, mais j'essayais de me résigner.
Je suis finalement sortie, les yeux rouges et le moral à terre. C'est Chéri, en me flattant les cheveux dans l'espoir de me consoler qui a eu l'idée....
Le mieuxm ca serait que j'y aille avec lui. Il allait s'informer du prix du billet et on le paierait.
La partie logique de moi (qui est vraiment très dominante) disait `No way! Je travaille demain! Responsabilités! Je prend sur moi, il y aura d'autres occasions.' Mais l'autre partie, inhabituelement présente criait ' Non! Non! On ne refait jamais une première fois!'
Alors combattant tout mes instincts, j'ai pris le téléphone et demandé trois jours de congé. A la derniére minute, comme ca. Je ne pense plus droit, je suis toute déboussolée et confuse et je réalise que le lendemain matin, on sera dans un avion haut dans le ciel.
Faut le comprendre, pour certains, c'est surement banal. Mais nous, on est pas comme ca. Nous, notre style quand on prévoit un voyage ou une quelquonque activité assez importante, c'est de décider des semaines en avance. D'en parler encore et encore, d'avoir hate, d'anticiper.
Mais ca, ca nous est tombé dessus comme une bombe.
A 6h00, le taxi nous attendait devant la porte, dans le noir, en route pour Dorval. Je n'avais jamais mis les pieds dans un aéroport de ma vie. J'ouvrais les yeux grands comme des trentes sous et j'étais impressionée par tout, aussi un peu nerveuse, faut pas se le cacher. J'écoute trop d'émissions ou des gens vivent des histoires d'horreurs en passant dans les machines de détection de métal.
On a attendu, mangé un croissant un peu sec (que j'ai commandé avec un accent francais pour me faire du fun.), fait quelques pipis nerveux et on est finalement monté à bord. Surréel!
J'ai vraiment tripé! Les oreilles bouchées, la main de Chéri serrée fort dans la mienne, pendant que le 637 accélerait et laissait le sol derrière.
Et quelques snacks d'avion plus tard et les fesses en compote, nous voilà à Edmonton. Quatres heures de vol, cinq heures de voyagement en voiture louée pour arriver dans la petite ville de High Prairie.
Et là, pendant que Chéri travaille vaillament au Moulin à bois, je passe mes journée dans la chambre d'hotel. Ca me fait penser à `Lost in Translation'. Quand j'ai vu ce film-là, je n'aurais jamais imaginé me retrouver dans la situation du personnage de Scarlett un jour. Mais aucune crainte, je ne prévois pas me saouler en compagnie de riches clients dans le Lobby. En fait, dans le lobby du High Prairie Inn, il n'y a qu'une machine à café qui ne fonctionne pas, et 'Ma's Family Restaurant' ou je n'ai encore vu aucun signe de vie et ou on peut acheter un pot de café pour un maigre 9$.
High Prairie, je savais qu'on allait dans une ville un peu profonde, mais ca bas mes plus basses attentes, coté civilisation.
A date, j'ai vu un A&W, mais la légende veut qu'il y ai un PFK un peu plus loin. Un IGA a 20 minutes aussi, une station à essence et plusieurs magasins pour pièces d'auto.
Ce matin, on est allé déjeuner au A&W, douce familiarité! Puis Chéri est partie au Moulin en me laissant à mon roman et ma tasse 'd'infusion de la mort' que moi et les autres appelons café.
Après quelques minutes à jetter des coups d'oeil furtif autour de moi, j'ai réalisé qu'à part les deux caissières aux allures Amérindiennes, j'étais la seule femme dans la place. Tout autour, que des camionneurs bourrus et des travailleurs à casquettes.
En regardant par la fenetre, je réalise aussi qu'il fait encore noir comme chez le yiable, pourtant, la très fashion petite horloge orange et brune indique qu'il est passé 7h30! Je vous jure, on se serait cru à 4h00 du matin! En allant rechercher d'autre café, j'ai demandé(baragouiné maladroitement en anglais) à la caissière à quelle heure le soleil se levait ici. Elle n'a pas cru comprendre la question et a répondu ' I don't know...' avec un petite rire nerveux qui essayait surement de cacher qu'elle me croyait un peu folle.
Vers 8h00, le ciel commencait à s'éclaircire...légerement. Je vais l'avouer, j'ai quand meme été soulagé, parce que la réaction de la p'tite madame commencait à me faire croire que dans ce blaide perdu, le soleil se levait peut-etre vers midi...ou jamais!!
Pour me tenir occupé cette après-midi, je me suis aventuré à pied dans le 'Centre-ville'. La ou il y a le IGA. Je croyais à première vue que ca serait le Hot spot du coin, mais j'ai finalement découvert avec excitation que derière les allures de Farwest abandonné des rues et des batiment et des petites pancartes faites-main et pas invitantes, se cachent des magasins pas mal semblables aux notres.
En fait, semblable aux Tigre Géant, Dollorama, et dans le meilleur des cas, Jean-Coutu de chez nous. Mais pour une fille en manque de magasinage et de civilisation, c'était le Jack-Pot. C'est que je m'attendais à ce que mon plus gros trip soit de faire l'allée des fruits. Et là j'avais des cosmétiques et du linge à ma porté.
Tout le monde avait l'air de se connaitre là dedans, je me sentais vraiment étrangère, et je me fesait du fun avec les accents.
En tout cas, je sais bien que peu de lecteurs auront eu la patiente de se rendre là (sauf peut-etre toi Chéri!), mais j'avais besoin d'écrire là dessus.
Je dois en profiter, on s 'est mis d'accord, ca sera probablement la seule fois que je fais la queue de veau comme ca. De toute facon, on ne profite pas vraiment d'un voyage comme celui là. Ca fait beaucoup de dépenses pour ne pas avoir le temps de faire un peu les touristes.
Mais c'est une belle expérience, et totalement innespérée!